31.8.08

LK

(Lecture Koolhaasienne)
Chaque mois depuis 2003 , l’université des arts Desingel d’Antwerp organise une rencontre nommée «complétez la bibliothèque», en proposant à un artiste, un chorégraphe, un compositeur, un philosophe, un écrivain ou un architecte de parler des livres qui l’ont marqué. En mai, l’école à accueilli Rem Koolhaas. Plutôt que d’aborder les références d’une façon strictement autobiographique, il préfère proposé un échantillon de livres qu’il à pu (re)trouver lors d’une ballade dans les libraires d’Amsterdam.

« A coté du fait que je sois un lecteur, je suis aussi un fabricant de livres. Ceci induit je pose deux regards sur un ouvrage : ce n’est pas seulement un support à travers laquelle j’ai pu expérimenter ou apprendre, mais aussi un objet qui a été fabriqué dans une certaine optique et dont les caractéristiques physiques interfèrent avec les propos.

Cela explique pourquoi j’ai réellement cherché à acheter seulement un livre pour cette conférence, un livre qui, je crois, date de 1575, que j’ai entrevu, une fois, dans la bibliothèque d’Oswald Mathias Ungers. C’est incompréhensiblement un livre moderne. Le texte en latin est accompagné de résumes, de raccourcis, de références et d’illustrations. Il contient la même logique que les liens hypertextes d’aujourd’hui. Comparé aux sites Internet ordinaires actuelle , il est plus intelligent, plus beau, plus efficace, plus minutieux et plus imaginatif. Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de le retrouver, mais j’ai cependant « déterré » un bon nombre d’autres livres, comportant des caractéristiques similaires. Lors de ces recherches j’ai fait des découvertes stupéfiantes : les livres antiques, dont certains ont parfois 400ans, ne coûtent presque rien. J’ai acheté un petit livre de prières, en latin, pour 10 euros.
La finesse de lignes d’impression et son format lui confère une surprenante beauté.
Il tient dans la main comme un téléphone portable, qui détient aujourd’hui les mêmes fonctions que cet objet d’un autre temps : maintenir les contacts dans un écrin précieux.

Un autre sublime livre, le Thesaurusecclesiae, publié en 1560 par la confraternité du Saint Chapelet, coûte 13 euros, dans la même boutique. Je dois admettre que ces livres m’ont rendu plus sensible à l’attraction de la religion. Tout cela ne se situe pas dans mes préoccupations premières, mais qui sait, cela ressortira peut-être un jour dans nos travaux.

Le livre qui m’apparaît comme un chef d’œuvre, je l’ai entrevu chez Ungers. Il date de 1657, l’auteur est Hippocrates, il s’appelle Omnium. Malgré son énorme taille, il ne coûte que 240euros. Il est d’une complexité sans précédent. Sur la page de gauche, un texte en latin est combiné avec des fragments de grec, qui sont ensuite traduit en latin. Sur la page de droite, il y à une colonne de citations que vous pouvez accompagné de vos propres commentaires. L’organisation du livre est extraordinairement efficace, et son niveau esthétique est d’un niveau tellement élevé qu’il en dégage une sorte de sensualité magnifié par son extrême accessibilité. En d’autres mots, dans toute son abstraction, le livre à la capacité de mobiliser incroyablement les sens et ainsi de vous laisser une immense impression de puissance.

Je vois en lui le manifeste que chaque livre à le potentiel d’être.

Tout en parcourant les librairies, j’ai été de nouveau frappé par la manière dont je choisis mes livres, soit par simple caprice ou par coïncidence. Lorsque je regarde un livre, 9 fois sur 10, je assailli par une intervention, une urgence spontanée qui me distrait de mon but premier. Je ne compte pas le nombre de fois où je suis revenu chez moi avec d’autres livres que celui que j’avais décidé d’acheter. En généralisant ces propos, je pourrais dire qu’ actuellement personne ne lis un livre, mais bien plusieurs à la fois .
Chaque livre est connecté aux autres, présent ou passé. Le livre existe dans un été de contamination permanente. Il n’y à qu’un livre, auquel chaque écrivain contribue. La typologie du livre est si brillante, que, par définition, c’est toujours un fragment de quelque chose de plus grand.

Si j’examine comment et où m’est venu mon amour pour les livres, je pense que j’ai été inspiré par ma grand mère qui était invalides et qui, par conséquent, lu une incroyable montagne. Elle a vécu un peu en France si bien qu’elle m’a encouragé, dès mon plus jeune age, à lire le français. Un de ses livres favoris était La princesse de Clèves, un roman de madame de Lafayette, à propose de l’amour, bien sûr. Malgré le fait qu’il date de 1678, il est encore d’actualité. C’est peut-être une des qualité du fantastique langage français, ce qui à changé un petit peu désormais.
Plusieurs aspects de se livres semble avoir eu des révélations autobiographiques. Une des ces choses qui caractérise Madame de Lafayette est qu’elle utilise l’analyse comme une arme contre l’amour, contre la tentation de l’amour. Cette analyse n’est pas utilisé pour décrire le caractère des personnages, mais employé comme force motrice de l’histoire. Ce livre à eu un énorme effet sur moi lorsque je l’ai lu – probablement à 16ans- et j’ai alors réalisé que j’utiliserai l’analyse de la même façon dans tout mon travail. Je suis plus un analyste qu’un créateur, et j’ai utilisé l’analyse, dans tous nos meilleurs travaux, ce fut une clé pour s’échapper de l’inspiration. Nous devons utiliser l’analyse pour faire face aux commissions et aux situations, et cela devient un vrai moteur de projet.

La personnalité de Madame Lafayette est quelque chose de différent, c’est une réflexion sur son travail : apparemment clair, mais entièrement mystérieux une fois que vous tentez de la pénétrer. C’est intéressant de savoir que ces amis l’appelait le brouillard. Un de ces amis la décrive comme ceci : « Madame de Lafayette fut droite lorsqu’elle vivait, elle fut droite après sa mort, et elle le sera à jamais car c’est sa principale qualité ». Ici, je peux confier que je me reconnaît moi-même. Je n’ai jamais eu de pseudonyme jusque maintenant, m ais je pense que le brouillard serait approprié.

Je reconnais que c’est quelque chose d’impersonnel, une personnalité que l’on ne peut pas décrire clairement, et qui continue de croire en la raison.

En ce qui concerne mes préoccupations des années 1970-1980, nous pouvons le résumer grâce au numéro spécial d’Actuel intitulé « La bibliothèque idéale 1945- 1970 ». C’est un inventaire, pour chaque décennie, du nom des livres les plus marquant.
En 1972, Actuel identifiait les premiers désastres de l’écologie, en 1973-75 les premières attention à propos des goulags, pour 1975-1985, l’attention se portait sur les « zonard », les résidents des banlieues qui chérissait leur maladresse, pour les années 1980, il parlait des théories du Chaos.

Georges Perec figurait aussi dans cette liste, l’auteur français qui a écrit plusieurs livres extrêmement brillant et complexe, contenant des sortes de défi mathématique. Un de ceux la est La disparition, un livre dont la lettre « e » est totalement absente . Perec a du attendre 20 ans avant que paraisse la première traduction en anglais (le « e » étant remplacé par la « a » . Son attente tenace montre qu’il anticipait le fait que la langue anglais devienne, fatalement, le langage universel et que pour se faire entendre à une échelle planétaire il faut se manifester désormais dans cette langue. Même si les autres langues ne sont pas en train de mourir, elles sont tout de même en déclin.

Ce qui contrebalance cette hégémonie c’est l’idiome visuel.

Cela explique l’extrême popularité des revues graphiques. Les manga japonais sont souvent pris en dérision , j’en fut adepte de cela pendant une certaine période. Un de leur aspect excitant est la façon dont la censure augmente l’intensité de l’histoire. C’est une qualité qui est cruciale en ce moment. Nous nous trouvons nous même dans une situation où l’ouest n’est plus au centre de la scène et nous ne sommes plus l’objet de sensibilité des autres cultures, mais nous devons les respecter, ou au moins leur répondre. La remarquable répression de l’obscène au Japon et dans d’autres parties de l’Asie est une des choses les plus excitantes, les plus significatives que nous devrions apprécier plus constamment dans le futur.

A propos du japon, j’eu une impression absolument dévastatrice, en 1970, avec L’empire des signes, de Roland Barthes. Il démontre –et ceci peut etre appliqué sur tous son travail, également sur le fameux Mythologie de 1957- qu’il n’y a pas de distinction entre le signifiant et l’insignifiant , et que vous pouvez prendre des notes elle deviendront un signe. Dans le processus, il aboli l’entière dimension morale dans l’évaluation des faits et les conditions d’une force unique. Ce fut un aperçu qui m’a permis de me dévouer pendant six ans sur un phénomène sur le quel le temps à tenu un extraordinaire petit prestige : New York.

A peu près au même moment, Andy Warhol marquait son temps. Barthes et Warhol forment une paire signifiante : un en europe pour la créativité intellectuelle, l’autre aux Etats Unis, en inventant une nouvelle forme de faire et de fabriquer . Warhol est sans aucun conteste une des figures les plus importantes de l’art, et continu d’avoir un impact sur toutes la production artistique actuelle. .


Un autre livre que j’ai trouvé dan ma pérégrination autour des librairies est un catalogue d’Yves Klein, publié par la galerie Karl Flinker à Paris en 1973. Ce n’est pas seulement le travail que je trouve beau, mais principalement le fait que cela soit un document inconséquent, un livre effiloché ne contenant que quelques images de reproduction,. Klein était assez précis et authentique pour ne pas avoir besoin d’un livre colossal. Une tel modestie et pureté sont aujourd’hui supplanté par une immense gravité, même par les personnes qui le souhaite peu..


Pour finir, je voudrais évoquer un jeune auteur allemand que je trouve extrêmement intéressant Ingo Niermann. Un de ces livres et appelé Umbauland. Zehn Deutsche Visionen. Niermann a fait quelque chose qui est hautement malappris. Il s’est posé ces questions : « Que pourrait-il se passer en Allemagne si nous avions la même énergie qu’en Chine ? » et « Pourquoi en Europe nous ne pouvons pas nous réinventer de la même façon que le font les chinois ? »

Ce que j’apprécie particulièrement dans ce livre c’est la spéculation politique. Cela annonce, je pense, l’avènement d’un nouveau type d’auteurs –Niermann a 35ans- et peut-être d’un nouveau genre de pensée politique avec moins moraliste, moins rempli de clichés de démocratie, de droits de l’homme, de corruption, etc…. Ce livre s’exprime audacieusement et avec la volonté de poser de nouvelles questions. Nous sommes arrivé à un moment fascinant de l’histoire, dans lequel l’ouest n’est plus encore pour très longtemps un modèle idéologique hégémonique. Un haut niveau d’échange commence à se mettre en place dans lequel –jusqu'à un certain point- nous pouvons nous conformer avec d’autres systèmes de valeurs. Ce besoin n’est pas choquant ou négatif, il peut devenir le commencement d’un nouvel élan."



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