25.10.09

B2

(Biosphère 2)


Superdôme

Biosphère 2 est née dans le désert de l’Arizona en 1991, avec une esthétique et des idéaux puisés dans la lignée des superachitectures. Cette structure d’une superficie de 1.27 Ha avait pour but de recréer un écosystème viable à l’intérieur d’un système clos, permettant notamment d’évaluer la faisabilité de telle structure pour la conquête spatiale.

Dans cette serre, longue de 154 mètres, large de 110 mètres et d’une hauteur maximale de 26 mètres, furent créés 7 biomes et introduit 3800 espèces vivantes. Les biomes (ou mésocosmes) sont des écosystèmes représentatifs d’une aire biogéographique recréée artificiellement ; marais, océan, savane, mangroves, forêt tropical humide...
L’expérience initiale devait mêler l’existence autonome de ces aires biotiques et d’une équipe de 8 personnes pendant environ 4 ans. Ils devaient vivre d’une façon autarcique, nourris par leur propre culture et leur élevage. A l’image des expériences télévisuelles actuelles du type Big Brother, des activités étaient organisées afin de créer une véritable Arcadie - théâtre collectif, ou encore séance de médiation matinale orchestrée par le chef de cette opération, John Allen.

Biosphère 1 VS Biosphère 2


Cette expérience tenta de défier Biosphère 1, la Terre, et s’est retrouvée naturellement face à ses limites.
Tout d’abord techniques, le taux d’oxygène ne se maintenant pas constant, il provoqua la mort de nombreuses espèces et l’obligation de réinjecter artificiellement du CO2 - celui-ci étant absorbé en grand partie par le béton brut - afin de permettre aux biosphériens de vivre.
De plus, malgré l’herméticité théorique de la structure, des fourmis ont réussi à pénétrer créant ainsi un lien avec le monde extérieur. D’autres espèces, notamment des cafards, se sont reproduits à une vitesse exponentielle donnant aux biosphériens beaucoup trop de travail de nettoyage de ces indésirables.
L’ingratitude et la fatigue de ces tâches d'entretien leur coupa tout appétit social. Ils commencèrent à être atteint du symptôme dit Cabin Fever. A l’image de comportements psychologiques proche de Shining et 2001 L'Odyssée de l’espace où la coexistence dans une particule coupée du monde devient meurtrière, et privés de facteurs intoxicants tels que la caféine ou l’alcool, ils brisèrent l’espoir de toute homéostasie et finir par quitter la structure. Au bout de deux longues années, l’expérience Biosphère était terminée.
Une autre mission fut entamée en 1994, elle s’acheva 10 mois plus tard dans un climat de tension et d’agressivité tel que les biosphériens s’échappèrent en brisant délibérément la structure. Après avoir appartenu à l’Université de Columbia c’est désormais l’Université d’Arizona qui est propriétaire des biomes. L’espoir de concevoir une bulle autonome est anéanti, des systèmes de régulation d’air ont été mis en place et les lieux s’ouvrent aux chercheurs, aux étudiants, et aux touristes pour diverses expérimentations à moindre échelle.

Dreamland of Warm Age


En 2007 une société d’investissement et de développement canadienne a acheté le site de B2. Il est désormais prévu de construire un resort comprenant un village vacance et des zones commerciales afin de profiter des retombées économiques de cette curiosité environnementale.

A l’époque de Walt Disney, ce dernier rêvait de bâtir une ville futuristique basée sur le ludoéducatif et inspirée par le new-urbanisme.
Le Lilliputia d’aujourd’hui, Biosphère 2, est mené par des enjeux d’autosuffisance, à l’image d’éco-cités comme Masdar ou Dongtan, qui cherchent leur place appropriée dans la biosphère en agissant elle-même comme des biosphères. Efficacement responsables, avec des bilans zéro carbone, zéro gaspillage... Ces architectures sont de nouveaux dômes.
Ils clament une architecture de limite basée sur l’autorité de la nature, un container amélioré pour un impact minimal sur la vie, tentant ainsi de préserver l’équilibre de l’homme dans l’environnement existant.
Ces nouveaux dômes réagissent à la crise de la destruction du monde en construisant des mondes meilleurs miniatures. La peau a remplacé le sous-sol comme lieu du refuge. Les architectes sont devenus biologistes. Les bâches en plastiques et le ruban adhésif sont les nouveaux abris anti-bombes.


Cette article est librement inspiré des articles de Volume
-Crisis in crisis : Biosphere 2's contested ecologies, Maxime Enrico
-Back to the future, the Edo Biosphere, Thomas Daniell

20.10.09

A&R

(Architecture & Resistance)


Resist whatever seems inevitable.

Resist people who seem invincible.

Resist the embrace of those who have lost.

Resist the flattery of those who have won.

Resist any idea that contains the word algorithm.

Resist the idea that architecture is a building.

Resist the idea that architecture can save the world.

Resist the hope that you’ll get that big job.

Resist getting big jobs.

Resist the suggestion that you can only read Derrida in French.

Resist taking the path of least resistance.

Resist the influence of the appealing.

Resist the desire to make a design based on a piece of music.

Resist the growing conviction that They are right.

Resist the nagging feeling that They will win.

Resist the idea that you need a client to make architecture.

Resist the temptation to talk fast.

Resist anyone who asks you to design only the visible part.

Resist the idea that drawing by hand is passé.

Resist any assertion that the work of Frederick Kiesler is passé.

Resist buying an automobile of any kind.

Resist the impulse to open an office.

Resist believing that there is an answer to every question.

Resist believing that the result is the most important thing.

Resist the demand that you prove your ideas by building them.

Resist people who are satisfied.

Resist the idea that architects are master builders.

Resist accepting honors from those you do not respect.

Resist the panicky feeling that you are alone.

Resist hoping that next year will be better.

Resist the assertion that architecture is a service profession.

Resist the foregone conclusion that They have already won.

Resist the impulse to go back to square one.

Resist believing that there can be architecture without architects.

Resist accepting your fate.

Resist people who tell you to resist.

Resist the suggestion that you can do what you really want later.

Resist any idea that contains the word interface.

Resist the idea that architecture is an investment.

Resist the feeling that you should explain.

Resist the claim that history is concerned with the past.

Resist the innuendo that you must be cautious.

Resist the illusion that it is complete.

Resist the opinion that it was an accident.

Resist the judgement that it is only valid if you can do it again.

Resist believing that architecture is about designing things.

Resist the implications of security.

Resist writing what They wish you would write.

Resist assuming that the locus of power is elsewhere.

Resist believing that anyone knows what will actually happen.

Resist the accusation that you have missed the point.

Resist all claims on your autonomy.

Resist the indifference of adversaries.

Resist the ready acceptance of friends.

Resist the thought that life is simple, after all.

Resist the belated feeling that you should seek forgiveness.

Resist the desire to move to a different city.

Resist the notion that you should never compromise.

Resist any thought that contains the word should.

Resist the lessons of architecture that has already succeeded.

Resist the idea that architecture expresses something.

Resist the temptation to do it just one more time.

Resist the belief that architecture influences behavior.

Resist any idea that equates architecture and ownership.

Resist the tendency to repeat yourself.

Resist that feeling of utter exhaustion.


Lebbeus Wood


PS : Il était bien trop difficile de choisir UNE image pour ce post, je vous conseille dès lors de jeter un oeil sur le blog de Wood, et notamment les carnets de croquis NOTEBOOK

13.10.09

LL

(Les Liquidateurs)


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Dans la nuit du 26 avril 1986 et durant les mois qui suivirent, 1 million d’individus furent lancés contre le réacteur de Tchernobyl pour éteindre le graphite brûlant dans le réacteur, recouvrir les ruines d’un sarcophage improvisé, et nettoyer les territoires irradiés aux alentours.
Ces hommes, appelés les liquidateurs, étaient motivés par ce qui fut salué comme un acte de dévouement appuyé par des promesses de salaires élevés et d’avantages sociaux. Seulement, au regard des dangers encourus et des conséquences catastrophiques sur leur santé et celle de leurs enfants ce combat contre les nucléides fut un véritable sacrifice.

Un documentaire sorti en 2003 réalisé par Wladimir Tchertkoff ,prix du meilleur documentaire scientifique et d’environnement retrace l’histoire de ces hommes, ponctué de témoignages hallucinants prouvant l’horreur des effets radiant et montrant a quel point leur actes héroïques restent dans l’indifférence générale, malgré le fait qu’ils aient sauvé l’Europe.

-->« Les scientifiques soviétiques avaient calculé que si l’incendie n’était pas éteint avant le 8 mai, le combustible nucléaire en fusion aurait percé la dalle de béton sous jacente se serait précipité dans le bassin de refroidissement et aurait amorcé une explosion atomique 20 à 50 fois supérieure à celle d’Hiroshima, l’Europe aurait été inhabitable »



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Après avoir enfilé leur protection de plomb, les hommes se lançaient sur le toit au son d’une sirène et en repartaient en courant 60 secondes plus tard au son de la même sirène afin d’être remplacés par une nouvelle équipe. À cause du poids de leur protection de plomb (qu'ils fabriquaient eux mêmes) , les liquidateurs n’avaient le temps de ramasser que 2 ou 3 morceaux avec leur pelle pendant la minute qui leur était allouée.

Le documentaire complet de 24 minutes est à visionner ici.