31.12.11


LA GRILLE
Félix Guattari & Diane Arbus


A la clinique de La Borde, en Lozère, Félix Guatari associé au directeur le Docteur Jean Oury, mettent en place un système de responsabilisation des malades et du personnel à travers une grille. Chacun d’entre eux, assignés normalement à un rôle particulier, est contraint de s’investir dans des tâches qui lui sont étrangères. Ainsi que ce soit les medecins, les infirmiers, les employés de ménages, les cuisiniers, les malades.. Ils se voient impliqués (à des degrés de responsabilités différent ) dans la vie de la clinique, et cela à toute heure.

Cadrer le dérèglement

En ce qui me concerne, Je me suis totalement investi dans cette expérience à partir de 1955 ; bien que j’ y aie participé de façon assez suivie dès la phase préparatoire de Saumery. Et c’est durant cette période-là que se sont posés les grands problèmes qui devaient marquer l’évolution ultérieure. Assez rapidement, la clinique a augmenté sa capacité ; elle est passée à soixante malades, puis quelques années plus tard à sa capacité actuelle. Corrélativement, le personnel a augmenté et les anciennes méthodes d’organisation consensuelle, fusionnelle, ne pouvaient évidemment plus fonctionner de la même façon. Quand je suis arrivé, j’ai commencé à m’occuper des activités d’animation et des ateliers. J’ai contribué à la mise en place de pas mal des institutions qui devaient se maintenir de façon durable—quoique toujours en évolution. Mais, assez rapidement, j’ai été amené à m’occuper des problèmes de gestion. Durant les années antérieures, s’étaient instituées des différences de salaires assez marquées, pour des raisons, d’ailleurs, plutôt contingentes, en raison d’arrangements qui se faisaient au fur et à mesure de l’arrivée des nouveaux membres du personnel. Tout ça pour dire qu’il y avait une situation assez floue, assez peu maîtrisée. Une des premières difficultés à laquelle je me suis trouvé confronté a été relative au budget des ateliers, lorsqu’ils furent instaurés de façon plus systématique, avec la mise en place du Club ; l’administratrice de cette époque refusait systématiquement de les aider financièrement et il a fallu que je me substitue a elle. À côté de cela, Oury se méfiait beaucoup de quelque chose qui existait dans la plupart des établissements publics, à savoir l’existence d’ergothérapeutes ou de sociothérapeutes spécialisés qui fonctionnaient de façon autonome par rapport au reste du personnel et qui devaient d’ailleurs acquérir ultérieurement une qualification particulière. Ça ne nous paraissait pas souhaitable, parce qu’au contraire on voulait à tout prix éviter que les activités ne deviennent stéréotypées, refermées sur elles-mêmes. Pour nous, le but n’était pas de parvenir à stabiliser une activité particulière. Son fonctionnement ne nous intéressait que pour autant qu’il permettait d’enrichir les rapports sociaux, de promouvoir un certain type de responsabilisation, aussi bien chez les pensionnaires que dans le personnel. Donc, nous n’étions pas trop favorables à l’implantation d’ateliers standardisés (vannerie, poterie, etc.) avec le ronron du responsable qui vient faire son petit boulot à longueur d’année et avec des pensionnaires qui viennent là régulièrement, mais de façon un peu mécanique. Notre objectif de thérapie institutionnelle n’était pas de produire des objets ni même de produire de « la relation » pour elle-même, mais de développer de nouvelles formes de subjectivité. Alors, à partir de là, toutes sortes de problèmes se posent sous un angle différent : on s’aperçoit que pour faire des ateliers, pour développer des activités, le plus important n’est pas la qualification du personnel soignant (diplôme d’infirmier, de psychologue, etc.), mais les compétences de gens qui peuvent avoir travaillé dans le domaine agricole ou comme lingère, cuisinier, etc. Or, bien entendu, pour pouvoir suffisamment dégager ces personnes de leur service, de leur fonction et pour pouvoir les affecter au travail des ateliers et des activités rattachées au Club, il est nécessaire d’inventer de nouvelles solutions organisationnelles, parce que sinon ça déséquilibrerait les services. En fait, ça n’allait de soi d’aucun point de vue, ni dans la tête du personnel soignant, ni dans celles des personnes directement concernées. Il a donc fallu instituer un système, qu’on pourrait dire de dérèglement de l’ordre « normal » des choses, le système dit de « la grille », qui consiste à confectionner un organigramme évolutif où chacun a sa place en fonction 1) de tâches régulières, 2) de tâches occasionnelles, 3) de « roulements », c’est-à-dire de de tâches collectives qu’on ne veut pas spécialiser sur une catégorie particulière de personnel (exemple : les roulements de nuit, les roulements qui consistent à venir à 5 h du matin, la vaisselle, etc.). La grille est donc un tableau à double entrée permettant de gérer collectivement les affectations individuelles par rapport aux tâches. C’est une sorte d’instrument de réglage du nécessaire dérèglement institutionnel, afin qu’il soit rendu possible, et, cela étant, pour qu’il soit « cadré » (...)

Affects et affectations

(...) La grille est alors un instrument indispensable pour instaurer un rapport analytique entre les différentes instances institutionnelles et les affects individuels et collectifs. Affects et affectations : la grille, c’est quelque chose qui est chargée d’articuler ces deux dimensions. Dans une perspective idéale ! Car dans les faits, c’est un problème complexe parce que, dès lors que vous renoncez à la rigidité des organigrammes technocratiques, vous vous heurtez à une multitude de difficultés ; les choses en apparence les plus simples se compliquent. Ce qu’on peut répondre aux technocrates, c’est qu’avec quelques notes de musique on peut aussi bien faire une musique très simple, par exemple une musique modale, qu’une musique infiniment riche. Il faut pour cela changer les gammes de référence, faire de la polyphonie… Avec une institution c’est pareil. On peut faire du plain-chant où chacun reste assujetti à une ligne monadique. On peut, au contraire, développer des compositions baroques d’une grande richesse. On s’est aperçu qu’avec une population de cent pensionnaires et quatre-vingt membres du personnel, on pourrait faire des choses d’une complexité incroyable. Pas pour le plaisir de la sophistication, mais parce que c’est nécessaire pour produire un autre type de subjectivité. On peut aussi concevoir des systèmes d’un type beaucoup plus monacal, où chacun trouve sa place au rythme des heures canoniales. Mais il faut admettre qu’il peut être nécessaire de composer des musiques institutionnelles polyphoniques et symphoniques si on veut essayer de saisir de façon plus fine les problèmes subjectifs inconscients relatifs au monde de la psychose.

Singulariser les trajectoires dans l'institution

Cela m’amène à une réflexion plus générale sur les finalités de la grille. Quelquefois on a pensé que ce système avait été instauré dans un souci d’autogestion, de démocratie, etc. En réalité, comme je le disais au début, l’objectif de la grille c’est de rendre articulable l’organisation du travail avec des dimensions subjectives qui ne pourraient l’être dans un système hiérarchique rigide. Complication donc, pas pour le plaisir, mais pour permettre que certaines choses viennent au jour, que certaines surfaces d’inscription existent. Par exemple, pour que certains membres du personnel puissent être présents dans des activités qui les intéressent alors qu’avec un organigramme fixe, cela ne leur serait pas possible. Ces modifications d’affectation dépendent alors de la capacité de la grille à devenir un système articulatoire.



Si vous souhaitez en lire plus, la version entière du texte est disponible ici.

Photo. Diane Arbus, Untitled.
Sa première rétrospective française est à voir jusqu'au 5 février au Jeu De Paume

19.12.11


AT WORK
Superstudio


Superstudio, un nom si facile à une époque si aisée
voir aussi ici

2.12.11


AVENTURES DISCRETES
Bas Princen


Les photographies de Bas Princen recèlent de bâtiments aussi irréels qu’ils semblent faux ou maquillés. On observe les images, puis on lit les cartels, pour se rassurer d’une certaine attache au réel «ringroad Cairo, ringroad Tirana, ringroad houston, shopping mall, former sugarcane plant...»
Défilent alors les kilomètres parcourues à la recherche de ces bâtiments, les sols foulés pour la première foi, l’oeil qui a le privilège de se promener dans des paysages vierges, cette sensation inassouvissable de la nouveauté et de sa disparition immédiate - étant rassuré d’avoir saisi ce moment au travers de la caméra. On commence dès lors à sentir les marches sans compter à la recherche de la photographie, cette aventure pour l’image, celle où l’on repousse les limites et la fatigue toujours au prix d’une plus grande curiosité. On ressent l’aventure solitaire du photographe, et à ce moment les images très infimement peuplées d’êtres humains commencent à se remplir des rencontres faites pour arriver à ces bâtiments - ces chances, ces hasards, ces attentes, ces déjeuners consommés dans des endroits bien trop étrangers pour avoir été imaginés.
Bas Princen est un aventurier discret et nous retranscrit délicatement ses voyages et ses recherches, dans le luxe du détail. Lorsqu’il décide d’ouvrir la fenêtre de déclenchement de son appareil pour projeter sur la celluloïd le paysage qu’il à devant les yeux, il à déjà fait un choix large depuis la destination, les chemins qu’il a fallu emprunter, la butte qu’il a fallu gravir pour trouver le meilleur point de vue, la précision du cadrage, l’équilibre des éléments de composition, les fins réglages de son obturateur.. Il a décidé que c’était le moment de prendre cette photographie, l’instantané d’un voyage suffisamment calculé et suffisamment effacé pour que l’on puisse imaginer le notre.


2.11.11


SMALL, MEDIUM AND LARGE
Andrea Branzi


Even today different parameters of judgment are hardly ever applied in comparing urban phenomena of such differing scales as the metropolis, the town and the village.
The instruments of study applied to such urban agglomerates are differentiated only as far as the volumes of traffic or the markets of the area are concerned, but substantially the specialists in this field are still convinced that between such phenomena ( metropolis, town and village) there is no more than a difference in scale.
Indeed, qualitative judgement tends to be inversely proportional to their size, so that the village represents the best model of urbanization owing the balance which has been struck between the individual, urban spaces, and the «overall form» of the village; and the metropolis is judged by the same yardstick - that is, according to wether or not certain values typical of the village have been preserved.
This «continuity» within differences of size is supposed to guarantee the permanence of human scale (to judge from what one commonly hears) even in big agglomerates, and juvenile delinquency becomes the symptom of the disappearence of such qualities.
There has been no progress at all in the elaboration of differentiated models of behaviour: the sun, green areas, the square, the fountain, the municipal park with its benches - have all remained the immovable symbols of a dream, and are still the only typically urbanistic-architectonic tools for mediating between the individual and the megalopolis. The visual relationship which bound the villager to his village is still the same which accompanies the town-dweller to the metropolis: urban phenomena are seen as being no more than visual structures. To this day the town planner is still unable to comprehend an urban structure which does not correspond to a certain system of representation. Mediating architectonically between the individual and nature, has become the outer limit beyond which town planning will not venture.
Differentiated figurative episodes within the city limits should constitute a kind of qualitative and narrative succession of use in orientation (and for the markets of the area) and more generally, taken as a whole, they do make up the so-called «FORM OF THE CITY».
The «form of the city» is a hierarchical structure capable of qualifying every single square meter or town, and of organizing single buildings and single sequences in relation to one another and in relation to the whole. In cities and villages such an overall figurative structure is made up of the traffic lanes (which originated in the history of the birth and formation af the said city) and the location of significant episodes of a monumental or natural character.
In the metropolis such systems of reference and figuration no longer exist, and even if they exist they no longer play the structural role described above. The manhattanite walking along the regularly patterned streets of his town will always be in the same significative point in the sense that he never encounter scenically differentiated episodes but always the same elementary prespective structure created by the perpendicular crossing of two streets.
His urban experience goes no further than the reading of street signs: above this level ( of 5 to 6 meters ) the city is no longer a phenomenon that he perceives. The skycraper is no longer the super monument that it was in the thirties: it is the undiferenciated accumulation of cubic meters which may rise to dizzy heights but can hardly be felt as a figurative presence. Such an accumulation rises from an elementary and extremly low distributive base ( which is what the town-dweller figuratively utilizes ) and developps in proportion to the cost of the area. In its time the Empire State Building was proposed as a kind of mega-cathedral for an improbable mega village: today nothing differentiates it from the cluster of other Manhattan skyscrapers, unless perhaps the error in foresight it reveals.

Andrea Branzi, Radical Notes, 1972

24.10.11


AUTOBIOGRAPHY ICONOGRAPHY
Valerio Olgiati



The illustrations on the following images are important ones stored in my head. When I design or invent a building they are always hovering somewhere above me. These are the basis of my projects. They are with me when I sit gazing at the "white sheet of paper", so to speak. It is always my aim to build something that is related in some way or other to these images - either the image itself or what it illustrates. Often the way it is illustrated is what fascinates me.
For about a year now I have attempted, even in discussions with my assistants, to select only those images that have special defining signifiance for our work, for my work. All the rest were excluded.
Naturally I want also to rise above the traditions handed down to me. Even to the extend that my architecture would become non-referential. That would the best thing, the most independant way.
But I am aware that is impossible. Still, I often find myself thinking about it. This contradiction forces me to think, to sort out, to design an architecture that in the end in "only" abstract and can therefore be dense and rich, if possible. Only a single mind can produce truly fascinating architecture.
Always assuming one believes that fascinating architecture has to be prototypical and unique. Beneath each of the followig images there is a short caption, sometimes accompanied by a commentary. Where there is no commentary, I have not yet been able to come up with a rational explanation of the image or what it illustrates.

Valerio Olgiati, 2G n°37

14.10.11


GEOGRAPHICAL ANALOGIES
Cyprien Gaillard

Il y a dans la cuisine de geographical analogies des aliments qui sont obligés de nous plaire: les sujets touchant à l’archéologie de l’architecture autrefois contemporaine (ou moderne ), une esthetique de l’usée, la rigueur avec laquelle il a constitué un album de 967 polaroids, réparti chacun dans des losanges à 9 faces, avec des photos toujours prises de biais. Et puis aussi le fait qu’il soit allé partout, pour moi le plus étonnant reste le Chateau de Fère en Tardenois, un village de picardie pas très loin de Bézu Saint Germain - enfin, chacun y trouvera son Fère en Tardenois - du golf de Fontainebleau à Detroit et du coté de tous les grands ensembles francais et soviétiques. Il y a aussi aussi cette capacité extrême à se mettre en majorité dans des coins peu souvent recommandables ou de voir dans certain lieu autre choses que l’évidence, regardé d’une telle facon que le parallepipède parfait devant le seagram building devient un bloc abandonné là par hasard. Un joli carnet de notes d’un routard archéologue des temps moderne, et c’est peut être le fait qu’il nous pousse à écrire des phrases pareilles que ce livre en devient énervant. Pourquoi? Parce qu’ils utilisent des techniques déjà un peu trop rodées, parce que l’honneteté de son travail semble érodé tant les polaroids défilent comme un exercice, il semble même presque peu croyable qu’il les aient toutes prises sous un angle de 45 degrés. Mais peut-être qu’il n’y a rien de plus que l’obsession d’un type qui se promène et constitue un atlas - avec un appareil photo à faible valeurs -de minuscules endroits que l’on a tous vu, que l’on verra surement, ou qui ont déja disparu. Car derrière ces 30 ans ce gars là a quand même une petite longueur d’avance, en tout cas en terme d’exploration, du détail, du recoin pourri. Il en fallait un, il l’a bien fait, et c’est Cyprien Gaillard.




9.10.11


ALPHABETICAL CITY
Steven Holl





Steven Holl, Pamphlet Architecture, 1980

24.9.11


ARCHIVE OF AFFINITIES


et plus encore ici

7.9.11


Architecture and Modesty
Andrea Branzi

With the development of the electronic media and mass-culture, architecture has become something of a minor art. Even if by this reductive term one means all those cultural activities applied to minor structures and systems of communication, this distinction, however academic, may be of some schematic use in revealing the modifications in specific weight to which the various cultural techniques have been subjected in our society.
Architecture, once considered the most complete and noble of the arts, has lost its pre-eminence not only because of the external difficulties of a political and economic nature that it has always encountered, but also because of a deep internal crisis now afflicting it as a result of modifications in the mechanisms of cultural production and of the urban function itself.
Today the city is becoming more and more a structure offering services, a place merely to live in ; it is no longer one of society's cultural structures. The communication carried out by architecture, based on the allegory of balances between man and his natural environment, is motionless in space and lacking in the depth of psychic penetration that the electronic media have achieved. Today the city is no longer a cultural " place" but a "condition". Urban culture,
in other words, is independent of the city as a place and it coincides with the culture of consumption.
To be an urbanite today does not mean to live in a city but to adopt a specific model of behaviour made up of a certain way of speaking, of printed and televised information, of a particular kind of clothing, of the music one listens to: wherever these media arrive, the city arrives. There is no longer any culture external to the urban phenomenon in as much as there is no longer any countryside representing a real and logical alternative; there is no place which does not to some extent communicate with the city and Its models. The "urban condition" coincides with the social circulation of goods, which can be exported from any metropolitan area. Every day millions of cubic metres of this new type of city are produced, and every day millions of cubic metres of city become rubbish, in keeping with the laws of a metabolism unknown to the immoveable equilibria of the city.
The concept of culture itself is changing. Until quite recently produced by a small group of intellectual professionals and consumed by a numberless mass of readers, visitors, subscribers, enthusiasts and voyeurs who had only to buy the book, disc or ticket, and were institutionally excluded from any right to produce or consume a private culture as anatural right (since culture is a higher and "universal" good, to produce which one must undergo a stressful series of exercises, tests, studies, examinations, consultation, and dedicate his life to it), culture, as I was saying, is now experienced as an immediate, spontaneous good, the direct product of a certain social behaviour and a model of consumption, an economic stimulus. What we are witnessing here is the reversal of the traditional hierarchies; more importance is attributed to the window dresser, decorator, fashion designer, expert in colours, upholsterer, opinion leader, taster, make-up expert, etc. than to the "artist" intent on sending out allegorical messages to the world.
Architectonic quality is much less important than the quality of the microclimate one experiences inside, and good acoustics are preferred to observance of the laws of composition ...
Architecture now becomes a "minor art" applied to the harmonious resolution of functional and structural problems and kept outside the real circuits determining the" quality of life" and culture.
The masterwork of architecture ended not only when culture became an article of consumption but when the profession definitely took the place of the art; as long as the schools of architecture were clubs for a few enthusiasts, methodological planning opened large areas of "creative" variations; but now that architectonic planning has to be taught to thousands of people, it is idle to think of introducing unknown quantities of any kind. The number of unknown factors that architectonic planning is called on to resolve today has been reduced almost to zero. Variation in design consists of a simple compositional scheme often chosen at random without regard for different cultural areas, but only for the availability of elements differentiated on the industrial plane alone. Pasolinl claims that there are no longer any somatic differences between youths of the left and the right. It is also true that there are no ideologies capable of producing different results in the architectonic idiom. The long Italian battle fought against construction surveyors, responsible for the low cultural level of much urban architecture, is the result of a mistake rooted in the certainty long cultivated by the Modern Movement that there Is an indivisible identity between urban quality and civilization. The quality that we ask of the city today has nothing to do with form or composition, but only with the quality of social services and the market. For architects the time hascome for a bit of modesty ...

Radical Notes, 1975

31.8.11


ATLANTE
Luigi Ghirri


19.8.11


Louis Kahn Superstar
Andrea Branzi


He was one of those personages who besides existing in real times are also a revival of themselves, a sign recalling some period of our lives, a significant detail in a much larger picture; in the background of an uncut version of «American Graffiti» teeming with teenagers and their yogourts, one should see a game of tennis going on between Louis Kahn and Marcuse.. He made us run terrible risks, but today we can smile at the tought of him and remember «the way we were» without any danger of our turning to stone. When his star rose in the early sixties we were all firmly settled in our admiration of the socialdemocratic perfection of the Scandinavian quarters, and our hitchhiking holidays were spent discussing our hopes to meet swedish girls...

Surrounded by mediocre teachers who talked of prefabricated schools, Louis Kahn then represented the almost biblical symbol of the campuses of American Universities, a myth still possible of the great master, the last specimen of the gerontocracy that dominated the world of architecture in those years (a tenuous link with the Founding Fathers, against whom rebelion was unthinkable ). His allusions to the classical origins of architecture - Roman - to be exact - was the academic answer to the stalemate to which Modern architecture which continued to point to itself as a rational order, with the Villa Savoye as its Parthenon and Siemenstadt as its Polis. As a counterbalance to this motionless Greek and Euclidean self-admiration, Louis Kahn proposed the Latin example, an experimentation brought on by destiny, an allusion to Roman way of looking architecture, in which volume and structure, fonction and monumental purpose coincided. It was then that the first reproductions of Piranesi began to be passed around, and the first visits to Villa Adriana took place. There are still some who haven’t recovered from it all..

At bottom Louis Kahn’s original compositional contributions were very few, and were useful in revealing that after all classical architecture was still latent under the skin of modern architecture. It was the first sign of a credibility crisis in the Modern Movement, and this crisis he lived from positions on the right. It was also the last weary debate on architecture and its laws of compostition; the came the deluge. It was the deluge because suddenly everyone realized that Carnaby street, the Animals, the Birds, the Beatles and the Mamas ans Papas were much more important, significant and complete than any prophecy meant for the masons. It was then that we broke off, because of those personages and along those lines; from that moment on our education went on elsewhere, and no longer in schools of architecture. Louis Kahn’s defeat was not due so much to the confutation of his theories as to the general leap forward taken by the youth culture, to the appearance of new and powerful media, and to the entrance of public creativity on the publis scene. It was the instruments, especially, that brought about his defeat, the sound of an LP record, clothing, and drugs were educational instruments more powerful than any form of architecture. The great consisted in the capacity of this «depth media» to appeal to the masses everywhere in the world. A cultural revolution had begun which went far beyond the conflict over its content and swept over unbelievable numbers of consumers.

Architecture, as cultural communication, has no way of achieving the same «quantitative» following as modern electronic media or models of behaviour. In a world in which a message spreads simultaneously everywhere , architecture remains an immovable object which on must travel to reach, as on a pilgrimage, an object which is half a usable instruments and half allegory, closed within its disciplinary limits and successfully imposed in a narrow field of urban influence only because of a ridiculous aspiration to the monumental. The city itself no longer coincides with an architectural area, but only with a consumer model. The quality of that model is as important as that of any municipal structure: any place, reached by the television, telephone, fashions, is an integral part of the urban system. Indeed, the metropolis is no longer a place, but a condition. Let the dead look after their dead, then. With Louis Kahn, architecture died and not simply a particular concept of it; he, like everyone else before him, saw it as a problem of quality.


Radical Notes, 1975.

8.8.11


City Metaphors
Oswald Mathias Ungers



Apparently, all thinking processes happen in two different ways. Each is claimed to be the only way in which thought processes occur in science, art and philosophy.
The first is commonly known as the empirical way of thinking. It is limited to the study of physical phenomena. The actual concern is with facts that can be measured and justified. This intellectual concern concentrates on separate elements and isolated facts, deriving from direct practical experience. Thinking is strictly limited to technical and practical processes as they are most strongly formulated in the theories and methodologies of pragmatism and behaviourism.
The other way of thinking seeks out phenomena and experiences which describe more than just a sum of parts, paying almost no attention to separate elements which would be affected and changed through subjective vision and comprehensive images anyway. The major concern is not the reality as it is but the search for an all-around idea, for a general content, a coheren thought, or an overall concept that ties everything togther. It is known as holism or Gestlalt theory and has been most forcefully developed during the age of humanism in the philosophical treatises of the morphological idealism.




Kant postulates that knowledge has its origin in two basic components : intuition and thought. According to Kant all our thinking is related to imagination, which means it is related to our senses, because the only way to describe an object is through imagination. The intellect is incapable of perceiving anything, and the senses cannot think. Only through a combination of both can knowledge arise. Imagination has to precede all thinking processes since it is nothing less than a synopsis, an overall ordering principle bringing order into diversity. If we accept that thinking is an imaginative process of a higher order, then, argues Kant, it means all sciences are based on imagination.


In more recent philosophical debates, Herman Friedman replaces Kant’s concept of imagination thought as the basic components of knowledge with the argument that the sense of sight - the vision - and the sens of touch - the haptic - are the two competing polarities, and that all intellectual activity happens either in an optical or haptic way. Friedman argues that the sense of touch is non-productive; it measures, is geometrical, and acts in congruity. The sense of sight, however, is productive; it interpolates, is integral, and acts in similarities. The sens of sight stimulates spontaneous reactions of mind; it is more vivid and more far-reaching than the sens of touch. The sense of touch proceeds from the specific condition to the general, the sense of vision from the general to the specific. The visionary process, whose data are based on imagination, starts out with an idea, looking at an object in the most general way, to find an image from which to descend to more specific properties.



In every human being there is a strong metaphysical desire to create reality structured through images in which objects become meaningful through vision and which does not, as Max Planck believed, exist because its measurable. Most of all, the question of imagination and ideas as an instrument of thinking and analyzing has occupied artists and philosophers. Only in more recent history this process of thinking has been undervalued because of the predominance of quantitative and materialistic criteria. It is obvious, however, that what we generally call thinking is nothing else than the aplication of imagination and ideas to a given set of facts and not just an abstract process but a visual and sensuous event. The way we experience the world around us depends on how we perceive it. Without a comprehensive vision the reality will appear as a mass of unrelated phenomena and meaningless facts, in other words, totally chaotic. In such a world it would be of equal importance; nothing could attract our attention; and there would be no possibility to utilize the mind.


As the meaning of a whole sentence is different from the meaning of the sum of single words, so is the creative vision and ability to grasp the characteristic unity of a set of facts, and not just to analyse them as something wich is put together by single parts. The consciousness that catches the reality through sensuous perception and imagination is the real creative process because it achieves a higher degree of order than the simplistic method of testing, recording, providing and controlling. This is why all traditional philosophy is a permanent attempt to create a wellstructured system of ideas in order to interpret, to perceive, to understand the world, as other sciences have done. There are three basic levels of comprehending physical phenomena: first, the exploration of pure physical facts; second, the psychological impact on our iner-self; and third, the imaginative discovery and reconstruction of phenomena in order to conceptualize them. If for instance, designing is understood purely technically, then it results in pragmatic functionalism or in mathematical formulas. If designing is exclusively an expression of psychological experiences, then only emotional values matter and it turns into a religious substitute. If, however, the physical reality is understood and conceptualized an an analogy to our imagination of that reality, then we pursue a morphological design concept, turning it into phenomena which, like all real concepts, can be expanded or condensed; they can be seen as polarities contradicting or complementing each other, existing as pure concepts in themselves like a piece of art. Therefore we might say, if we look at physical phenomena in a morphological sense, like Gestalten in their metamorphosis, we can manage to develop our knowledge witout machine or apparatus. This imaginative process of thinking applies all intellectual and spiritual areas of human activities though the approaches might be different in various fields. But it is always a fundamental process of conceptualizing an unrelated, divers reality through the use of images, metaphors, analogies, models, signs, symbols and allegories.








O.M Ungers, City Metaphors
et plus ici

1.8.11


SummerTime

01. Ayamma - The Anambra Beats
02. Broken Blood - Tommy Guerrero
03. Mini Calcutta - Nicolas Jaar
04. Anything/Ganesh - Flying Lotus
05. Eagles of Africa - Koudlam
06. Akula Owu Onyeara - The Funkees
07. Okwukwe Na Nchekwube - Celestine Ukwu
08. Guinnevere - Miles Davis


Pict. Romain B.James, Brazzaville, Congo

31.7.11



GRILLE ET NEUTRALITE
Jacques Lucan




L’architecture et sa disparition

Le recours à la grille contourne les problèmes d’équilibre ; il implique la répétition ; il fait s’éloigner les règles ou les procédures de composition auxquelles il n’est plus besoin ni nécessaire de se rapporter. En considérant certains aspects d'œuvres de Mies Van der Rohe, il n’est pas étonnant que les Smithson parlent d’une architecture «autre» et d’une esthétique sans rhétorique. Ils aiment aussi ranger dans la même catégorie de projets, le Hoschshule fur Gestaltung à Ulm de Bill, et la maison Pacific Palissades à Los Angeles de Charles Eames, par exemple. Plus généralement, plutôt que de l’architecture à l’européenne, l’absence de rhétorique serait le fait de l’architecture Nord-Américaine, notamment celle des bâtiments de grande hauteur, le Lever House sur Park Avenue de S.O.M en étant l’exemple le plus accompli. Le signe certainement le plus fort de l'émergence d’une architecture autre, disent-ils, se trouve dans les bâtiments élevés. Les nombreuses répétitions font que production de masse, processus, contrôle, etc - ce que les américains connaissent bien - deviennent le contrôle. Ce qui évite le recours aux notions de composition ou d’art.
Lorsque Koolhaas reviendra sur la question de l’architecture du gratte-ciel et des bâtiments de grande hauteur, il soulignera lui aussi qu’elle se base sur la répétition, notamment la répétition du «plan typique» des étages «le plan typique implique la répétition et l'indétermination : pour être typique, il doit être suffisamment indéfini». Selon lui, le plan typique est une invention américaine; il est «sans qualités, neutres « il est le degré zéro de l’architecture. Il correspond à un programme de bâtiment de bureaux qui est « le premier programme totalement abstrait», c’est à dire un programme dont la seule fonction est de «laisser ses occupants exister». En conséquence, le plan typique s’approche de la grille, que Koolhaas assimile à du papier millimétré : «le plan typique est pour la population des bureaux ce que le papier millimétré est aux courbes mathématiques». La ville du plan typique, downtown, n’a pas de configuration formelle spécifique; elle est une accumulation de skyscrapers. Elle est, dit encore Koolhaas, «une condition» plutôt qu’un «lieu». Il reprend ainsi des mots que nous verrons bientôt avoir été employés par Archizoom, groupe auquel il est fait explicitement référence et qui aurait interprété le plan typique comme «condition finale de la civilisation occidentale». Il retrouve aussi l’exigence «d’une architecture fonctionnaliste qui imagine et établit sur le sol (la surface de la terre) des patterns d’activité humaine en des juxtapositions sans précèdent et des combinaisons catalytiques.»
Le neutre définit donc un fond par rapport auquel les activités peuvent se développer. Plusieurs modèles de neutralité sont encore possibles, de l’usine au supermarché, des aires de manutentions des marchandises aux aires de stationnement automobiles. Banham voit ainsi dans les étendues dégagées et plates des terminaux de transport par containers, sur lesquelles les engins de manutentions peuvent se déplacer à leur aise, l’expression radicale d’un nouvel idéal, la métaphore d’une ville autre. Évoquant les possibilités qui vont à l’encontre de tout monumentalisme et de toute architecture figée dans ses usages et fidèle à des valeurs essentielles. Dans la même veine «anti-architecturale» poussant ses raisonnements à la limite, Banham défend l’idée qu’une architecture «autre» pourrait se contenter d’offrir seulement un contrôle de l’environnement, les problèmes formels relatifs à la définition de l’espace et à la construction glissant au second plan ou disparaissant tout à fait. Il en vient à considérer que deux modèles antithétiques doivent être distingués, l’un porteur des valeurs traditionnelles de l’architecture l’autre avancent celle d’une hypothèse d’une dématérialisation de celle-ci.

La surface neutre

A la fin des années 1960 et au début des années 1970, les mouvements italiens de néo-avant garde de l’architecture «radicale» et contestataire, Superstudio et Archizoom, avanceront des idées dont certaines ne sont pas sans rappeler Banham. Cependant ce sera quelque fois après avoir exploré des méthodes de composition alternatives, comme l’avait fait Adolfo Natalini, fondateur de Superstudio. Il avait identifié diverses «méthode de composition» qui empruntaient beaucoup au «processus pop» d’élargissement du répertoire formel vers les images de la société de consommation : transposition d’échelle, assemblage, montage, contamination, répétition, itération, etc. sachant que «l’espace actif, le théâtre, le champ vital sont les objectifs de la recherche. Le happening continu, le niveau existentiel, la réalité fluide sont les paramètres de la vérification.»
La proposition la plus célèbre de Superstudio est Il monumento continuo (le monument continu - 1969-1970). Démonstration par l’absurde dira plus tard Natalini, modèle d’urbanisation totale, ses diverses images s’inscrivent dans différents environnements géographiques sans recevoir de ceux-ci des qualités qui les particularisent : «murs» continus qui découpent ou traversent villes ou territoires, architecture «sans architectes» qui évoque le Land art, monumentale mais neutre, silencieuse quant aux fonctions qu’elle pourrait être susceptible d’accueillir. Superstudio précise qu’il s’agit d’une architecture «qui émerge dans un environnement continu : la terre devenue homogène du point de vue de la technique, de la culture et tous les autres impérialisme». Après Il monumento continuo, Superstudio produit une série d’autres images, Gli atti fondamentali (les actes fondamentaux 1971-1972) : sur une surface, lisse et réfléchissante comme un miroir, dessinée par une grille carrée qui s’étend à l’infini, se déroulent des scènes de la vie quotidienne, scènes domestiques ordinaires et banales, mais qui n’auraient plus besoin de l’architecture puisqu’elles sont dépouillés des vêtements de la maison. Entreprise donc de disparition de l’architecture au profit de productions de situations et d’événements.
En 1970, Archizoom propose No-Stop city, projet qui étend une grille isotrope à l’infini, dénuée de toute centralité, développant l’hypothèse d’une «langage architectural non figuratif», et proposant l’image d’une ville «non-discontinue et homogène». Comme le note Gargiani, les projets de Mies van der Rohe correspondent pour Archizoom à des principes qui rejettent la composition, au contraire des projets de Le Corbusier. Archizoom fait ainsi sienne de la réévaluation critique de l’œuvre américaine de Mies van der Rohe, à laquelle procède quasiment au même moment Mafredo Tafuri (1935-1994). Parlant du «silence» de cette œuvre, l’historien souligne que «dans leur absence totale de valeur sémantiqe (asemanticità), le Seagram Building et le Federal Center de Chicago sont des objets capables d’être pour leur propre mort (essere per la propria morte), seul moyen pour eux d’échapper à un naufrage certain».
Dans une perspective marxiste radicale, Archizoom dresse le constat d’une ville moderne dont la réalité ne correspond pas au développement capitaliste, une ville arriérée et confuse qu’il n’est plus utile de chercher à ordonner. No Stop City est une vision extrême de la condition industrielle ; elle pousse à la limite la logique de la production industrielle comme loi universelle, comme «chaîne de montage du social», sachant que «le Capital propose dans la consommation son propre Modèle social, qui dépasse la réalité de la Classe, en tant qu’il suppose, pour son développement, une réalité sociale homogène». Par voie de conséquence, No-Stop city «cesse d’être un «lieu» pour devenir une «condition»».
Dans cette optique, la grille est l’héritière du plan libre et de l’open-space ; elle a à voir avec l’espace universel dont parlait Van Doesburg ; elle s’oppose explicitement à «l’architecture de la ville». Là encore, au même titre que l’usine, le supermarché devient un modèle :»L’Usine et le Supermarché deviennent les véritables modèles témoins de la ville future : des structures urbaines optimales, potentiellement infinies, où les fonctions se disposent spontanément sur un plan libre, rendu homogène par un système de micro-climatisation et d’information optimale. Les équilibres «naturels et spontanés» de la lumière et de l’air sont en réalité dépassés : la maison devient une autre de parking équipée. A l’intérieur, il n’y a plus de hiérarchies ni de figurations spatiales conditionnantes». Cette métropole sans limites, dans laquelle la maison disparaît, image du possible «village planétaire» décrit par Marshall Mcluhan (1911 - 1980), est libérée de l’architecture et de ses contraintes formelles. L’architecture, conclut Archizoom, «doit devenir une structure ouverte, s’offrant à la production intellectuelle de masse comme seule force figurant le paysage collectif».


En 1972, un projet d’exposition itinérantes d’environnements «L’invenzione della superficie neutra» conçue avec un fabricant de matériaux stratifiés décoratifs, rassemble le groupe Archizoom et Superstudio, avec notamment Ettore Sottssas. L’exposition est présentée comme une «opération table rase par la création des environnements, les auteurs se proposent de développer et de représenter le thème d’un espace défini par des surfaces neutres, mieux même, neutralisées à tel point qu’elles ont coupé définitivement tout lien linguistique préexistant et conditionnant». A cette occasion, le groupe Archizoom réitère sa définition d’une maison comme laboratoire dans leqeul il serait possible de développer ses facultés créatrices, dans lequel il serait donc nécesaire de se défaire d’un ameublement considéré comme lié à des usages imposées et non-choisis : «La maison peut devenir une sorte de «parking équipé», dans le sens que disparaissent toutes les préfigurations typologiques et toutes les permanences spatiales de la maison actuelles, pour laisser la place à la figuration spontanée et incontrolée du milieu» . La même année, au Museum of Modern Art de New York, l’exposition dont le commissaire est Emilio Ambasz «Italy : the new domestic Landscape « présente onze «environnements» dont les auteurs sont entre autres Sottssas, Archizoom, Superstudio, Joe Colombo et Gaetano Pesce, des installations qui veulent montrer de nouveaux paysages pour la maison, manifestant la transformation des modes de vie à travers notamment le design de nouveaux équipements. Quelques temps plus tard, Andrea Branzi, membre du groupe Archizoom, dénonce le mythe qui entroure Kahn, celui d’un maitre dont les contributions nouvelles sont peu nombreuses, participent d’un débat épuisé «sur l’architecture et ses lois de composition» et ont seulement montré en quoi les préoccupations classiques sont encore latentes «sous la peau de l’architecture moderne» Pour Branzi, Kahn reste fidèle à l’idée de «lieu architectural» alors que la métropole n’est plus un lieu mais une condition, alors que «la qualité que nous demandons aux villes n’est pas formelle ni compositionnelle» Branzi ajoute enfin que le temps de la modestie est venu pour les architectes.


Jacques Lucan in
Composition, non-compoistion, Architecture et théories au XIX-XXè siecles

Vous pouvez aussi visionner sa conférence ce livre
ici.

21.7.11


National Geographic




Voyage dans les archives du National Geographic Magazine
et un petit peu plus ici et

18.7.11


Architecture and Sex
Andrea Branzi




There has always been a relationship between architecture and the human body. It would be interesting to examine this relationship from inside history and to study its variations in relation to variations in current moral standards, or at least in relation to the importance given to sexuality in society and in daily life. W. Reich discovered that more than half of our time, at least until we reach middle-age (about fifty), is spent thinking about sex, about our own and other’s people sex lives, imagining combinations and couplings, for sexual activities are not only a free kind of social comunication but a form of physical energy that conditions all our experiences. Of these, I should say, sex most deeply influences our «experience of space» - that is, our capacity to conceive the empty space lying between us and others (which is normally taken to be architectonic space ) as a sexual medium, as a place for the free exchange or messages and for the possible or actual sexual experiences. This kind of theory, which is moreover elementary enough to be true, is officially absent in the history of architecture. There are some isolated cases of intuition in this regard, but they are almost always limited to cases of anthropomorphic or phallic architecture and never concern any officially adopted architectonic guidelines.
In a society like ours now experiencing the first symptoms of a sexual revolution, I think there is a futur for this idea of architecture as a predominantly sexual place. Just how, it is hard to say, but it’s quite certain that such a powerfull link in inter-family and urban relationships can hardly be silenced much longer, all the more so because its discovery is more a scientific than a moral matter.
Let us not forget that the discovery of the sociality and of the city has only recently been officialy acknowledged, after long being rejected as a vulgar interference in a discipline based on itslef. The same thing might happen with sex in architecture : the whole history of architecture could be reinterpreted in the light of this hypothesis, and trace the course of humanity’s long battle against sex. The relationship between architectonic concepts and the sensorial experience of space might constitute the first step in our inquiry. In the Middle Ages, when sex was officially condemned by moral opinion, all the physical data of architectonic space were heightened, just as the hermit would resist the call of the flesh by suffocating the stimulus under more powerful sensations such as physical pain. One need only think of Gothic and Romanesque cathedrals, in which one’s perception of the monumental organism was closely related to such physical experiences as differences in temperature between the interior and the exterior, the odour of such unventilated places, a certain kind of acoustics, light filtering in through the windows, etc.. Sexual communication in such places of communal gathering (which were already completely full of both sensorial and religious stimuli ) became impossible. With the Renaissance came a restructuralization of architecture from within . In it the relationship with the physical experience of space is replaced by a kind of ideological-philosophical relationship with the classical order, while relationships with the human body shift direct experience to proportional relationships. Architecture became a completely conceptual kind of experience, soudless and odourless, immersed in an illuminated universe officially undisturbed by sexual vibrations.
This kind of approach has been handed down to us without any appreciable variants, apart from those Freudian inspiration resulting from the growing feeling among architects and many others that the organization of experience is much more revelant than it was once tought. But the role of architecture as the great instrument of sexual repression has been reconfirmed. The struggles for compositional freedom, for the discarding of functionalism as a repression of free behaviour have now reached the surveyors’ college; but the road from organic architecture to orgonic achitecture, it seems, will be long and hard.

Radical Notes, 1975

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13.7.11


Violences Sublimes
Enrique Metinides


La carrière d’Enrique Metinides à commencé lorsque ses premières photographies ont été publiées dans un journal à l'âge de onze ans. C’est son père, propriétaire d’un magasin de photo à Mexico qui lui a mis son premier appareil photo entre les mains à dix ans, et c’est à ce moment qu’il a commencé à prendre les voitures accidentés, les gens assassinés dans son quartier.. En fait il prend en photo ce qu’il voit dans les films d’action et qui se déroule dans sa ville. Ce qu’il voit sur les écrans des cinéma de quartiers et qui le fascine arrive en fait au pas de la porte de la boutique de quartier de son père. Très vite cela devient une passion, et comme WeeGee le fait à New York, il se branche sur les radios de la police pour être au courant de tout ce qu’il se passe dans la ville. Il ne dort presque plus et s’installe dans un véhicule préparé le plus efficacement possible pour se rendre rapidement sur les lieux de l’action, flasher les carcasses de voitures défoncées, les corps mutilés...
«Je pense que si on faisait une pile, ou un tas de morts que j’ai vu dans ma vie, cela devrait être aussi haut qu’une montagne. Je n’ai aucune idée du nombre d’accidents que j’ai vu mais il doit y en avoir des milliers dont j’ai été témoin pendant les 50 ans de ma carrière. Chaque jour, à peu près 24h sur 24, j’ai assisté aux accidents les plus incroyables qu’on puisse imaginer. chutes d’avions, explosions de station-essence, des catastrophes où il y avait 90 - 120 morts...J’ai croisé des gens qui ont vu le démon, qui se sont transformés et ont voulu tuer, j’ai été témoin du diable qui s’empare des hommes, j’ai vu des crimes incroyables d’adultes et d’enfants, parfois pour seulement quelques dollars..»

Enrique Metinedes est une légende dans le milieu de la police et des pompiers de Mexico, non seulement d’être toujours le premier sur les lieux des crimes, mais aussi car il s’est toujours sorti des accidents dont il a été lui aussi victimes, dix neuf au total. De nombreuses fois blessé, il à eu 7 côtes cassés, deux attaques cardiaques, un de ces doigts est inutilisable, a été écrasé deux fois..
« Il y a quelque chose de vraiment étrange qui s’est passé il y a un mois et dont ma fille ne m’a parlé que très récemment. J’ai mangé du poisson - ce que je ne devrait jamais aire parce que je tombe rapidement malade à cause de ça - alors j’ai du être hospitalisé en urgence. Ma fille attendait les résultats avec inquiétude et quelqu’un qu’elle ne connaissait pas est venu lui parler en la rassurant, lui disant qu’elle ne devait pas s’en faire, que étais très bien pris en charge. Alors elle lui a demandé comment il pouvait bien le savoir, et le type lui a répondu que mon ange gardien était là, assis juste à coté de moi, qu’il n’y avait aucune crainte. Et il a disparu.»



Au delà du personnage légendaire qu’il représente et de la fascination que cette vie si particulière exerce; la photographie de Metinedes dépasse la simple horreur du fait divers. Par de menus décalages, par le recul qu’il prend par rapport au sujet, en ne cadrant pas simplement sur lui mais en photographiant l'environnement, il compose des images certes choquantes, mais d’une beauté nouvelle. La star de la télévision qui git avec un maquillage parfait sur un poteau électrique après un violent choc automobile; la femme suspendu au crépuscule au bout d’une corde à un arbre gigantesque, le reflet de la foule qui regarde le secouriste sortir le corps d’un homme de l’eau... autant de détails dans l’horreur qui la sublime. Ce ne peut être que l’habitude du regard porté sur la violence, développée au fil des ans et des milliers de films imprimés de crimes en tout genre qui permettent de transcender le simple reportage et de basculer dans l’art. Ce ne peut être que le regard entièrement dévoué d’un homme aux agissements les plus violents de l’humanité qui peuvent nous faire pénétrer dans les détails magnifiques de ces scènes trash, dans l’intimité de ces accidents.
Désormais, Enrique Metinedes passe tranquillement sa retraite dans un appartement rempli de sa collection de véhicules d’urgence en tout genre, de figurines de gangsters mexicains, de kilomètres des bandes VHS sur lesquels sont enregistrer les extraits de reportages, d’émissions de télévisions sur la guerre en Irak, les faits divers les plus variés, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, les apparitions d’ovnis, les scènes spectaculaires des films d’action qu’il connait par coeur... aux cotés de ces huit magnétoscopes et ces trois télés. Enfermé dans ce temple dédiés aux faits divers, il rumine son plus grand regret, celui de ne pas avoir été à New York le 11 septembre, pour photographier la plus spectaculaire catastrophe du XXè siècle. De toute façon, il n’y aurait jamais pu s’y rendre, comme aux nombreuses rétrospectives dédiées à son oeuvre autour du monde, et qui sont en ce moment exposé aux rencontres photographiques d’Arles. Depuis l ‘âge de huit ans il ne lui est plus possible de s’élever de quelques manières que ce soit du sol; un de ces camarades l’a tenu suspendu à bout de bras depuis le toit terrasse d’un immeuble de six étages, créant une phobie du vide à jamais.

Et pour un petit peu plus, une interview du photographe chez lui ici.