Week End
Jean Luc Godard
Jean Luc Godard sort en 1967 «un film égaré dans le cosmos, un film trouvé à la ferraille, un film qui se fout de tout». Construit autour du départ en week-end d’un couple de parisiens, leur parcours dans un embouteillage sans fin sur les routes nationales (un des plus long travelling de l’histoire du cinéma) entame ce qui est un périple vers une critique acerbe de la société française. Week-end est un film cru dans lequel les gens se lynchent pour une voiture mal garée, les voisins se battent à coup de raquettes de tennis et de fusil, se mordent, s’arrachent les cheveux; les maris sont consciemment trompés par une gente féminine violemment hautaine - parlant avec désinvolture de leurs désirs et aventures sexuelles; les enfants insultent les adultes - salauds merdeux communistes - leurs femmes, leurs bagnoles ; les agriculteurs chantent l’internationale sur leur tracteur avant d’écraser «deux petites ordures de la jeunesse dorée», et Dieu s’invite même dans un autostop-hold-up pour faire le jugement dernier de la classe aisée française, son égoïsme, son désir du confort et ses rêves limités.
«on ne peut dépasser l’horreur de la bourgeoisie que par encore plus d’horreurs»
Jean Luc Godard
Jean Luc Godard sort en 1967 «un film égaré dans le cosmos, un film trouvé à la ferraille, un film qui se fout de tout». Construit autour du départ en week-end d’un couple de parisiens, leur parcours dans un embouteillage sans fin sur les routes nationales (un des plus long travelling de l’histoire du cinéma) entame ce qui est un périple vers une critique acerbe de la société française. Week-end est un film cru dans lequel les gens se lynchent pour une voiture mal garée, les voisins se battent à coup de raquettes de tennis et de fusil, se mordent, s’arrachent les cheveux; les maris sont consciemment trompés par une gente féminine violemment hautaine - parlant avec désinvolture de leurs désirs et aventures sexuelles; les enfants insultent les adultes - salauds merdeux communistes - leurs femmes, leurs bagnoles ; les agriculteurs chantent l’internationale sur leur tracteur avant d’écraser «deux petites ordures de la jeunesse dorée», et Dieu s’invite même dans un autostop-hold-up pour faire le jugement dernier de la classe aisée française, son égoïsme, son désir du confort et ses rêves limités.
Week-end est un pétage de plomb sur l’avènement de la société de loisirs et de vacances; un ras le bol las, long, lourd, c’est 1h40 d’engueulades infinies, de bruits permanents, de klaxons, de tirades maoïstes gerbées par des personnages impossibles issu d’une tribu anarchiste qui kidnappe les automobilistes partis en pique-nique; pour finir par les manger -après multiples sévices - au barbecue.
Ces jeunes libertaires sont les amis de Godard, une sorte d’avant-garde intellectuelle étudiante qu’il fréquentait assis dans un coin avec son costume gris et ses lunettes noires -alors qu’eux arborait des tenus arabo-flamboyantes. Il les fait jouer ici avant qu’ils ne prennent leur propre rôle dans les évènements de 1968. Week-end est une fresque flamboyante de la fin d’un état de la civilisation, le dernier repas d’une société qui va être bouleversé quelques mois plus tard. Mais pour quoi au fait? Quelqu’un s’en souvient-il encore?
Ces jeunes libertaires sont les amis de Godard, une sorte d’avant-garde intellectuelle étudiante qu’il fréquentait assis dans un coin avec son costume gris et ses lunettes noires -alors qu’eux arborait des tenus arabo-flamboyantes. Il les fait jouer ici avant qu’ils ne prennent leur propre rôle dans les évènements de 1968. Week-end est une fresque flamboyante de la fin d’un état de la civilisation, le dernier repas d’une société qui va être bouleversé quelques mois plus tard. Mais pour quoi au fait? Quelqu’un s’en souvient-il encore?