19.1.12


DEMOCRATIC FOREST
William Eggleston


Holmes n’était certes pas difficile à vivre! C’était un homme tranquille aux habitudes bien ancrées. Il était rarement debout après 22 heures et prenait son pétit déjeuner et sortait bien avant mon réveil. Tantot il passait la journée au laboratoire de chimie, tantôt dans les salles de dissection, et de temps à autre, une de ses longues marches le conduisait dans les bas quartiers. Il déployait une energie à toute épreuve dans ses accès de travail puis venait la réaction : pendant de longues journées, il restait étendu sur le canapé sans dire un mot, sans bouger un muscle du matin au soir. En ces occasions, j’ai remarqué que son regard devenait si reveur et si vague que j’aurai pu le soupconner de s’adonner à quelconque narcotique, si sa sobriété et sa tempérance habituelle n’interdisaient telle supposition. Son ardeur pour diverses études était remarquable. Il avait pour l’insolite des notions si formidablement étendues et détaillées que ces observations m’ébaudissaient considérablement. Nul homme n’aurait tant travaillé à la collecte de tant de précisions sans s’être fixé un but défini.
Les touche-à-tout se démarquent rarement par l’exactitude de leur savoir. Nul ne s’embarasse l’esprit du superflu s’il n’a une très bonne raison pour le faire. Ses ignorances étaient aussi remarquable que sa science. De la litterature contemporaine, de la philosophie et de la politique, il ne semblait savoir à peu près rien. Un jour que je citais Thomas Carlyle, il me demanda très naivement qui il était et ce qu’il avait fait. Ma surprise atteignait son paroxysme quand incidemment je découvris qu’il ignorait la théorie de Copernic et tout du systeme solaire. Qu’un être civilisé, au 19e siècle, ne sut pas que la terre tourne autour du soleil, me semblait un fait si extraordinaire que j’avais peine à y croire.
«Vous paraissez étonné» dit-il en souriant de ma surprise. «Maintenant que je sais cela, je tacherai de l’oublier»
«Mais le système solaire!» fis-je.
«Que voulez-vous que cela me fasse?» coupa-t-il avec impatience. «Nous tournons autour du soleil, dites-vous?. Si c’était la lune cela ne ferait pas deux sous de différence pour moi ou mes travaux!»

I was in Oxford, Mississippi for a few days and I was driving out to Holly Springs on a back road, stopping here and there. It was the time of year when the landscape wasn’t yet green. I left the car and walked into the dead leaves off the road. It was one of those occasions when there was no picture there. It seemed like nothing, but of course there was something for someone out there. I started forcing myself to take pictures of the earth, where it had been eroded thirty or forty feet from the road. There were a few weeds. I began to realize that soon I was taking some pretty good pictures, so I went further into the woods and up a little hill, and got well into an entire roll of film.

Later, when I was having dinner with some friends, writers from around Oxford, or maybe at the bar of the Holiday Inn, someone said, ‘What have you been photographing here today, Eggleston?’
‘Well, I’ve been photographing democratically,’ I replied.
‘But what have you been taking pictures of?’
‘I’ve been outdoors, nowhere, in nothing.’
‘What do you mean?’
‘Well, just woods and dirt, a little asphalt here and there.’
I was treating things democratically, which of course didn’t mean a thing to the people I was talking to. I already had different, massive series. I had been to Berlin and to Pittsburgh and completed huge bodies of work. From that moment everything from the boxes of thousands of prints made cohesive sense for the first time. All the work from this period from 1983 to 1986 was unified by the democracy. Friends would ask what I was doing and I would tell them that I was working on a project with several thousand prints. They would laugh but I would be dead serious. At least I had found a friend in that title, The Democratic Forest, that would look over me.


Premier texte, inconnu
Deuxième texte, William Eggleston "Afterwords on Democratic Forest"
Aujourd'hui est un jour triste pour la photographie, Kodak a annoncée officiellement sa faillite
Si ca vous dit d'en savoir plus sur William Eggleston, un des premiers maitres de la couleur en photo, et par conséquent un des premiers explorateurs du monde des films couleurs Kodak, il y a cet excellent documentaire By the Ways et évidemment le Eggleston's channel d'American Suburb X

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